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17 avril 2007

Etat de guerre civile...

Nous avons préparé notre armement, enfilé nos tenues de combat, emballé soigneusement sous film plastique un peu de monnaie. De la fenêtre de notre chambre nous arrivaient les cris de détresse et les chants guerriers émanant des rues avoisinantes. Nous avons descendu les cinq étages de la résidence en silence, la peur au ventre. En bas l’étroite rue, déserte, portait les stigmates encore fraîches d’un combat récent. Nous nous sommes avancés en formation serrée jusqu’à la jonction avec Ratchahakhinai road. Nous avons marqué un arrêt. Puis jeté un coup d’œil afin d’établir un bilan de la situation. Trois hommes lourdement armés se tenaient à cinquante mètres de nous sur le trottoir d’en face. Ils avaient pris position devant une épicerie de quartier dont la propriétaire leur fournissait des munitions. Évaluant qu’il était possible de remporter la victoire nous nous dirigés vers eux. Progressant à couvert, mètre par mètre, pour ne pas dévoiler notre présence, nous avons parcouru les deux tiers de la distance sans nous faire repérer. Accroupis derrière deux gigantesques jardinières nous avons élaboré un plan d’action. Dans le but de compenser l’infériorité de nos armes, nous avons pris la décision de les attaquer par surprise dès qu’ils auraient le dos tourné. Cette situation se présenta à nous 3 minutes et 12 secondes plus tard lorsqu’ils repérèrent sur leur droite des individus menaçants. Réagissant au plus vite, nous sommes sortis de notre cachette et avons lancé l’assaut. Mais tels furent pris qui croyaient prendre. L’attaque vint de notre gauche. Le premier impact toucha Magda en plein dos. Alerté par son cri, je me retournais et recevais le second en pleine face. Une sniper souriante d’au moins soixante cinq ans se tenait debout sur le perron de sa porte. De sa main droite, elle tenait son arme : un seau en plastique rouge, contenance maximum 10 litres, où perlaient encore quelques gouttes d’eau glacée. De son poste, elle avait suivi en silence toute notre progression, et patiemment, avait su attendre le moment opportun pour porter son estoc. Encore sous le coup de la surprise, nous sommes restés immobiles au milieu de la route, paralysés par l’eau glaciale que nous venions de recevoir. Nous ayant enfin repéré c’est cet instant que choisirent nos adversaires initiaux pour faire feu. Déployant la pleine puissance de leurs armes, ils nous arrosèrent, inondèrent, noyèrent sous l’effet de leurs tirs croisés. Dégoulinant de toutes parts, nous avons levé les bras en signe de reddition. Nous venions de perdre notre première bataille et ce ne serait pas la dernière…

SONGKRAN marque la célébration du nouvel an sur le calendrier bouddhiste, même si en réalité celui-ci ne gagne une année qu’à chaque premier janvier. (Pour information nous sommes depuis le 1er janvier 2007 en 2550) A cette occasion la ville devient le théâtre d’une guerre civile où les batailles se livrent à coups de pistolets à eau, de tuyaux d’arrosage, et de seaux remplis de toutes sortes de liquides. Initialement programmée pour ne durer que 4 jours, la fête et la grande douche commencent toujours un plus tôt que prévu. Cela sous l’impulsion de tous ceux qui ne peuvent plus attendre pour déchaîner leurs pulsions guerrières et mettre à profit leurs nouvelles armes dévastatrices. Nous avons ainsi essuyé les premiers tirs cinq jours avant la date officielle d’ouverture des festivités. Des tirs inoffensifs, en provenance d’enfants équipés de petits calibres. Mais cela n’a pas duré. La tension est allée crescendo, et deux jours avant l’ouverture, l’itinéraire entre notre boulot et notre dodo était devenu un parcours du combattant. Notre moto rouge et ses passagers furent ainsi une cible de privilégié. (Nous pensons à ce sujet que les touristes occidentaux doivent valoir plus de points au moment du décompte final) Répartis sur les deux côtés de chaque route en bataillons de 5 à 10 individus, installés devant bars, restaurants et points d’eau, nos tortionnaires nous trempèrent de la tête aux pieds. Sur le rythme d’un seau d’eau reçu tous les 5 mètres nous ne fûmes plus rapidement que deux serpillières motorisées. En une seule occasion, durant ces deux journées, nous pûmes en roulant aux côtés d’un militaire gradé échappé sur quelques centaines de mètres à toutes offensives. Nous pensions alors avoir trouvé une protection efficace, mais le respect de l’uniforme à ses limites. Dès le lendemain, avec l’entrée dans le vif su sujet, cette règle n’était plus applicable. Militaires et policiers devinrent alors des cibles comme les autres. Personne n’étant épargné, femmes, enfants, et personnes âgées participèrent activement à la bataille. Une bataille où la pitié n’avait pas sa place et où les camps n’existaient pas. Chacun se battait pour sois même, toute alliance n’était que temporaire. L’arsenal utilisé était varié. Il comprenait du plus simple modèle de pistolet, crachant avec difficulté un misérable filet d’eau, jusqu’au seau de 30 litres déversant avec violence l’eau croupie du canal rafraîchie préalablement par d’énormes blocs de glace en vente un peu partout. Entre ces deux extrêmes figuraient toute une gamme de pistolets, fusils, canons, tous plus sophistiqués les uns que les uns que les autres ainsi que tous récipients pouvant contenir et projeter du liquide. Les routes étaient parcourues par des véhicules d’interventions rapprochées. Pick-up, jeep, tuk tuk, d’où des petits groupes d’individus puisaient de l’eau réfrigérée dans des bidons avant de vous la projeter. Ces véhiculent arpentaient toute la ville mais circulaient de préférence au bord du canal. Là une armée de fantassins les attendait de pieds fermes. Puisant l’eau vaseuse du canal à l’aide de grands seaux, ces derniers déclenchaient en synchronisant leurs tirs de véritables tempêtes. Pour avoir été victime à de nombreuses reprises, notamment en moto, de ces redoutables attaques nous ne pouvons que trop bien témoigner de leur efficacité. Elles vous gèlent sur place, vous font chanceler, vous piquent les yeux, vous entrent dans les oreilles. Sous leurs influences vous vous sentez comme un étron pris dans la chasse des cabinets. Puis vous sortez de la tempête et attendez la prochaine, jusqu’à ce que votre organisme, habitué aux chocs, n’y fasse plus attention. La bataille n’est alors plus qu’une question de temps. Elle durera sept jours au total. Chaque journée les hostilités débuteront en fin de matinée, même si un tireur isolé à tout loisir de commencer son carnage avant. Elles battront leur plein entre douze et seize heures, puis lentement elles déclineront jusqu’à la tombée de la nuit. Les soldats regagneront leurs quartiers, laissant derrière eux une ville tous les jours un peu plus propre. Ils trouveront alors le repos du guerrier dans les bars et dans la bière. Le lendemain, après avoir sacrifié quelques heures dans les temples à la vénération de bouddha, ils repartiront au combat. Toujours plus forts, toujours plus mouillés…

Pour illustrer nos propos nous n’aurons malheureusement que peu de photos à vous présenter cette semaine. Pour cause notre appareil n’est pas waterproof… Les quelques unes que vous trouverez dans l’album intitulé Songkran ont été prise à distance respectable à partir de points stratégiques.

Songkran étant la fête nationale la plus importante de l’année, TTC a fermé ses portes pour congés annuels jusqu’au 24 avril. Nous avons donc quelques jours devant nous pour profiter un peu du pays.

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Commentaires
N
Malheureusement Gil, pour des questions de securite nous n avons pu produire d image au coeur de l action. De toute facon comme dans chaque guerre, il y a des images qu il vaut mieux ne pas montrer...<br /> pour info : as tu recu notre mail la semaine passee ?
G
Enfin une bonne douche, ça doit faire du bien ???<br /> Déjà en congés payés, c'est pas mal !!!!!!!!!!!!<br /> "A quand des photos plus proche du terrain (la guerre !!!!) , et pensez à vous munir d'un appareil Waterptoof".<br /> Bisous à tous les 2
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